Le terrain Pif (du nom de l’ancienne imprimerie Vaillant-Pif qui s’y trouvait) sera donc vendu dans les prochains jours. Cette cession a été actée lors du conseil municipal du 16 décembre dernier.
Propriété de la ville de Bagnolet, cette friche industrielle de près d’un hectare en lisière de Montreuil a longtemps été utilisée comme décharge municipale par les services de la ville. En 2019, le scandale révélé au grand public par les médias a conduit le maire à renoncer à son exploitation.
Un an après avoir fermé le site, la majorité municipale a donc décidé (sans concertation) de le céder. L’opération d’aménagement prévoit la construction de logements locatifs sociaux et celle de locaux d’activité pour TPE/PME.
La ville condamnée à prendre en charge les travaux de dépollution
En vertu du principe « pollueur-payeur »[1], les opérateurs acquéreurs de la parcelle ont obtenu que l’intégralité des coûts de dépollution soit supportée par la ville de Bagnolet.
Impossible de chiffrer précisément le coût total de cette dépollution évaluée pour l’instant à 740 000 €. Mais on connaît la contamination élevée des sols et sous-sols de décharges chargés en métaux lourds ou en composés organiques toxiques et les coûts exorbitants de dépollution qui y sont associés.
D’ailleurs la faible plus-value financière réalisée par la ville sur cette opération traduit le non-sens de la solution retenue.
Le terrain après avoir été divisé en 2 parcelles sera cédé à 2 opérateurs : Seqens, bailleur social, pour 1€ symbolique, en vertu d’un accord signé avec l’ANRU dans le cadre de la convention de rénovation urbaine[2] et Yuman Immobilier pour 1,5 M€, bien en-dessous du prix proposé par les domaines (près de 2 M€..). Recette dont il faut bien entendu déduire les frais de dépollution et de viabilisation du site.
Un ratage écologique
Une opération financière désastreuse mais aussi un reniement écologique de la majorité.
Pendant la campagne des municipales, Bagnolet en Commun, s’était engagé à transformer le terrain de la décharge en forêt urbaine : « Des arbres plutôt qu’une décharge, des arbres plutôt que du béton« , écrivait Edouard Denouel en 2020 ( https://bagnoletencommun.fr/le-petit-bois-de-bagnolet/ ).
Il n’y aura pas de « Petit bois » mais une parcelle imperméabilisée et artificialisée à 80 %.
Bilan de cette opération : la dernière parcelle importante de Bagnolet est bradée, les coûts de dépollution qui auraient pu être pris en charge pour partie par les aménageurs sont entièrement financés par la ville, les recettes financières bien inférieures à ce qu’elles devraient être dans un contexte budgétaire tragiquement contraint.
Intervention de Sébastien Staelens relative à cette cession lors de la séance du Conseil municipal du 16 décembre :
[1] Les frais de dépollution sont à la charge du responsable de la pollution tel que défini par le législateur, en l’espèce le propriétaire du terrain pollué qui a fait preuve de négligence ou n’est pas étranger à la pollution
[2] Dans le cadre de la convention du Projet de Rénovation Urbaine des quartiers Malassis – La Noue, signée en 2009 avec l’ANRU et l’ensemble des partenaires, le site PIF a été identifié comme un site de contrepartie foncière due à Foncière Logement.