En un mois, trois affaires ont secoué la mairie de Bagnolet et fait les titres de la presse, aggravant la désastreuse réputation de notre ville.
Tout d’abord, il y eut une obscure affaire de détournement de chèques au centre Anne Frank, où nous avons cru comprendre que diverses tendances de la majorité municipale s’accusaient mutuellement, un adjoint au maire accusant nommément de négligence deux ex-adjoints du même Tony Di Martino en pleine séance du conseil municipal.
Ensuite, un gardien de gymnase municipal se fit soudoyer pour ouvrir un équipement fermé pour cause d’épidémie et y permettre le déroulement de tournois.
Puis un élu municipal se faisant payer (apparemment 2 000 euros le logement) l’attribution de logements sociaux, affaire mise en évidence par des dénonciations et une enquête de police.
Le second tour des élections municipales ne date que de quelques mois et déjà les affaires, de plus en plus glauques, se succèdent.
Nous ne rappelons pas ici celles ayant émaillé la fin du premier mandat de Tony Di Martino : à son rythme, malheureusement lent, la justice poursuit son travail, en particulier sur le scandale de l’emploi fictif pour lequel la procédure est en cours.
Face à tout cela, le maire se vante de la création d’une commission de transparence (une proposition de l’opposition qu’il est en train de transformer en écran de fumée), ne réagit pas sur les deux premières affaires et finit par « prendre acte de la démission » de Karamoko Sissoko. Circulez : il n’y a rien à voir.
Le maire nous explique qu’il n’y est pour rien, qu’il s’agit de dérives individuelles.
Mais le gardien de gymnase n’est pas un employé municipal quelconque : c’est le conjoint d’une élue de la majorité. Karamoko Sissoko n’est pas non plus n’importe quel élu, pilier de longue date du Parti socialiste de Bagnolet, il compte parmi les plus proches du maire. Sous le mandat précédent, Tony Di Martino l’avait d’ailleurs nommé vice-président de l’intercommunalité Est ensemble et lui avait aussi confié la très sensible délégation aux DIA (validation des ventes de terrains et biens immobiliers).
Surtout, qui peut croire sérieusement que de tels actes peuvent être commis par des individus isolés ? Il n’y aurait donc aucun mécanisme de contrôle du maire sur ses adjoints ? Par définition, un maire est responsable de l’action de sa municipalité.
En matière d’attribution de logements, qui peut croire que les dossiers ne sont pas examinés au cabinet du maire, dont la directrice est la conjointe du premier adjoint au maire ?
Et quel est le principal organisme de logements sociaux à Bagnolet, par lequel passe la plupart des attributions ? L’OPH dont la présidence est personnellement assurée par Tony Di Martino.
Face à toutes ces affaires, la réponse du maire tient à la multiplication de commissions.
On connaît l’adage « Quand on veut enterrer un dossier, on crée une commission ».
A Bagnolet, quand on veut détourner l’attention, on se cache derrière une commission… bidon.
Il est clair que c’est un système de corruption qui s’est installé à la mairie de Bagnolet sous Tony Di Martino.
Et que disent pour leur défense les élus proches du maire lors de la désormais fameuse (mais plus que jamais fumeuse) commission de transparence ?
Ces porte paroles du maire commencent par dire qu’il n’y a rien de nouveau, avec de lourds sous-entendus sur des « enveloppes » sous les mandatures de Marc Everbecq. Ces soupçons ont été évoqués en conseil municipal par un adjoint au maire, ancien cinquième de la liste de Marc Everbecq en 2014.
D’ailleurs, si Tony Di Martino avait découvert de tels scandales lors de son élection en 2014, il doit expliquer aux Bagnoletais pourquoi il n’a pas porté plainte et dénoncé ces pratiques au procureur de la République.
Ensuite, quand on veut manier l’histoire locale, il convient de tout dire. En 2001, Marc Everbecq est élu maire de Bagnolet grâce à une alliance avec le Parti socialiste local, une entreprise familiale dirigée par les Di Martino père et fils. Et que demandent Joseph et Tony Di Martino comme délégations pour leur parti comme conditions de l’alliance ? En plus de la responsabilité ancienne du Parti socialiste sur les services techniques (via les délégations à la voirie et aux espaces verts), ils obtiennent les postes d’adjoints au maire délégués au logement et à la jeunesse /sports, soit la charge des attributions de logements sociaux et la tutelle sur les principales associations de Bagnolet !
Et la deuxième justification des élus de la majorité : ça se passerait partout comme cela en Seine St Denis. Une affirmation stupéfiante : les proches du maire se dédouanent en expliquant que notre département échapperait aux lois de la République.
Surtout, qui peut citer une autre ville où un tel enchaînement d’affaires se produit en si peu de temps ?
Toutes ces justifications sont vraiment pathétiques quand on pense à la gravité des faits : ce ne sont pas des petits arrangements entre amis mais des détournements d’aides à ceux qui sont dans le besoin. Des risques sanitaires graves que l’on fait courir à des jeunes de la ville.
Et de la corruption qui abuse celles et ceux en attente d’un logement social.
Tout cela est honteux.
Mais, pour faire durer le système, il faut faire taire ceux qui le dénoncent. Nous y reviendrons.
Pierre Vionnet