Le vœu, présenté par Raquel Garrido, pour le groupe Ensemble pour Bagnolet, a été adopté à la majorité par le conseil municipal du 30 septembre 2020.
Le 28 juillet 2020, Maître Gisèle Halimi est décédée, à 93 ans.
Elle a consacré sa vie entière à défendre la cause de femmes confrontées aux différentes dominations.
Domination coloniale, comme dans la défense, en 1960, de sa cliente – puis amie – Djamila Boupacha, militante pour l’indépendance de l’Algérie, torturée et violée par des militaires français.
Et bien sûr domination masculine.
Refusant résolument, enfant en Tunisie, d’être privée de lecture, et plus tard d’être « renvoyée à ses fourneaux », comme elle l’avait rétorqué lors d’une audience à un « ténor » du Barreau, elle incarne parfaitement le parcours intime et collectif que chaque femme et toutes les femmes doivent affronter pour obtenir, parfaire et protéger constamment leur liberté et égalité.
Avec le procès de Bobigny en 1972, où elle s’engagea pour obtenir la relaxe d’une Marie-Claire Chevalier, jeune femme ayant avorté suite à viol, Gisèle Halimi ouvra la voie à la dépénalisation de l’avortement en 1975 par la loi Veil.
Avec le procès d’Aix-en-Provence, où elle défendait deux femmes violées, elle a permis de faire prendre conscience aux pouvoirs publics que le viol devait être poursuivi comme un crime et non un simple délit. La criminalisation du viol a été décidée en 1980.
Elue députée en 1981, elle a porté la loi sur la dépénalisation de l’homosexualité, dont elle a été rapporteuse face à une farouche opposition.
Aucun de ses combats ne fut facile. Durant toute sa carrière elle a été raillée, injuriée, menacée par ceux qui voulaient préserver les systèmes de domination qu’elle œuvrait à abattre.
Les obsèques de Gisèle Halimi ont eu lieu le 6 août 2020 au cimetière du Père Lachaise, en l’absence du Garde des Sceaux et de toute marque honorifique de l’Etat.
A contrario de cette marque gouvernementale de mépris pour Gisèle Halimi et ses combats, le conseil municipal de Bagnolet considère que Gisèle Halimi, femme au parcours exceptionnel, mérite un hommage appuyé et pérenne.
C’est la raison pour laquelle il émet le vœu que Gisèle Halimi soit Panthéonisée. Elle serait ainsi la 6ème femme à entrer au Panthéon.
Le Conseil municipal émet également le vœu qu’en donnant le nom de Gisèle Halimi à une voie de la commune, la toponymie de Bagnolet porte la marque de l’admiration et la reconnaissance que lui portent les habitantes et habitants de notre ville.